Quitter le cocon familial : étape initiatique
Je vous retrouve aujourd’hui pour un nouvel article de la série autour des expériences du changement, série qui avait commencé ici avec ce premier article dans lequel je vous partageais les questions clés à se poser quand on est en pleine mutation de vie.
Et pour rentrer dans le vif du sujet avec un cas concret, j’avais envie de vous parler de la première situation par laquelle nous passons tous un jour : quitter le domicile familial pour voler de ses propres ailes.
Prendre son envol
Ce premier changement majeur de lieu de vie n’est pas anodin, car il symbolise de manière concrète cette première séparation originelle entre la mère et le bébé lors de la naissance. Quitter le cocon familial, c’est en quelque sorte naître au monde extérieur une nouvelle fois.
Tant que nous étions sous le toit de nos parents, nous étions d’une certaine façon encore dépendants d’eux, comme l’enfant dépend de la mère pour se développer dans son utérus. Et un jour, on décide de couper le cordon, on quitte le nid pour prendre véritablement son indépendance.
Ce départ survient plus ou moins tôt et peut être plus ou moins bien vécu selon les circonstances et les personnalités, mais quoiqu’il en soit, il marque le début d’un processus de rencontre avec soi-même en confrontation avec le monde extérieur.
Et cette séparation, en particulier si elle n’est pas bien vécue, risque de se rejouer ensuite tout au long de notre vie à plusieurs reprises, à chaque nouveau déménagement, à chaque nouveau chapitre. D’où l’importance de la préparer au mieux ou de comprendre a posteriori ce qui s’y est joué pour sortir de schémas répétitifs.
Comment s'y préparer ?
Pour vivre au mieux ce moment charnière, (et nous en revenons aux questions boussoles présentées ici), il est intéressant de se demander en conscience ce que l’on s’apprête à laisser derrière soi et ce qu’on espère trouver dans ce nouveau départ.
En effet, le ressenti sera très différent pour celui qui quitte une famille synonyme de protection, de sécurité, de confort… ou pour celui qui abandonne une cellule familiale dysfonctionnelle, malsaine, voire toxique.
Dans le premier cas, le départ peut être aussi bien vécu comme un processus logique, naturel, fluide que comme une épreuve, un déchirement. Un processus qui peut réveiller des insécurités, source d’un certain stress voire d’angoisses si l’on n’a pas conscience de ses capacités à exister par soi-même indépendamment de la cellule familiale.
Dans le deuxième cas, au contraire, ce départ peut s’apparenter aussi bien à une fuite en avant qu’à une véritable libération, un soulagement, l’occasion de sortir d’un carcan dans lequel on se sentait étouffer pour pouvoir à nouveau respirer.
Et entre ces deux cas extrêmes, des centaines de milliers de cas particuliers propres à chaque histoire personnelle.
Faire le tri dans ses émotions et ne pas culpabiliser
Quand on est en train de vivre ce départ, il n’est pas toujours facile de faire le point sur ce que cela vient réveiller chez soi. D’autant que les autres membres de la famille peuvent projeter plus ou moins consciemment leurs propres ressentis sur nous. Pas simple alors d’identifier la provenance réelle de nos émotions. Sont-elles les nôtres ou celles que l’on reçoit et qu’on intègre en miroir des autres inconsciemment ?
D’où l’importance de s’accorder un espace de réflexion, un temps de prise de recul, un moment pour revenir à soi et se demander :
- Comment je me sens au fond de moi vis-à-vis de ce départ ? Indépendamment de ce que pensent les autres membres de la famille ?
- Qu’est-ce que je ressens dans mon corps quand je pense à cette échéance à venir ? Est-ce que cela se contracte ? Est-ce que j’ai le ventre noué ? Ou au contraire, est-ce que je ressens une grande ouverture dans ma poitrine ? Un espace dans mon cage thoracique qui me permet de mieux respirer ?
- Quelles émotions cela me procure ? De la joie ? De la peur ? De l’excitation ? De la tristesse ? Un mélange de tout ça ?
Prendre le temps d’identifier ces ressentis permet ensuite de pouvoir les partager à des personnes de confiance qui pourront nous rassurer, ou nous déculpabiliser.
Par exemple, quand bien même on adore sa famille qui nous offre un environnement sain de croissance, on a le droit de ressentir de la joie à l’idée de la quitter ! Ce n’est pas pour ça que l’on l’aime moins, c’est surtout qu’on s’apprête à se rencontrer soi-même en s’accordant un véritable espace pour soi. Il n’y a donc aucune culpabilité à ressentir ! Quitter le nid familial fait partie du processus normal de la vie. Et si certaines personnes cherchent à vous en culpabiliser, c’est une partie d’elle-même insécurisée qui s’exprime, mais cela ne doit en aucun cas vous atteindre.
D’ailleurs, dans le cas d’une famille dysfonctionnelle ou toxique, c’est plutôt un signe d’amour envers soi-même que de la quitter pour s’offrir une bulle de protection dans un autre environnement.
Quoiqu’il en soit, si ces émotions sont trop fortes, trop difficiles à gérer, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel pour traverser ce moment d’inconfort plus sereinement.
Identifier ses envies pour y répondre au mieux
Une fois au clair sur nos émotions, on en vient à la 2ème question boussole : qu’est-ce que je souhaite pour moi dans ce nouveau départ ? Vers quoi ai-je envie de me diriger ?
Je me répète, mais savoir où on va est essentiel pour que le voyage se passe au mieux. Et pour être sûr de fixer le bon cap, il est primordial de connaître notre état d’esprit au départ.
Vous n’envisageriez pas de partir en Angleterre pour des vacances pluvieuses si vous êtes déjà en train de déprimer ? Non ! Vous allez avoir envie de partir au soleil pour vous changer les idées et vous remonter le moral ! Et bien c’est pareil ici.
Si quitter votre famille vous déprime, que vous avez peur de vous retrouver seul, il sera surement plus facile pour vous d’emménager dans une colocation. Vous pourrez ainsi retrouver une forme de cellule familiale que vous allez vous-même créer en choisissant vos colocataires.
Au contraire, si la vie de famille vous pesait, que vous rêvez d’avoir votre espace rien qu’à vous, vous serez surement ravi de vous prendre une chambre étudiante, un studio ou un appartement rien qu’à vous !
Soyons honnête, la plupart du temps, ces choix s’effectuent de manière inconsciente. Et c’est bien ça qui peut être problématique.
Si l’on est à l’écoute de sa petite voix intérieure, on va en principe faire spontanément les choix les plus justes pour soi. Dans ce cas, on va vite trouver ces marques dans son nouvel environnement et tout va bien !
Mais si l’on est en lutte contre soi-même, si l’on est déconnecté de son intuition, on risque de faire des choix guidés par la peur, ou dictés par des influences extérieures. Et alors il est très probable qu’on ne se sente pas bien dans ce nouvel environnement.
C’est pour ça que j’ai envie de vous inviter à ramener un peu de conscience sur tout ça. Ne pas se sentir bien n’est pas une fatalité. Peut-être n’a-t-on pas eu le choix de quitter sa famille, peut-être n’a-t-on pas pu choisir son nouveau lieu de vie, mais il nous reste toujours la possibilité de profiter au moins de cette situation pour en apprendre plus sur nous-même.
- Pourquoi ce lieu de vie ne me convient pas ?
- Qu’est-ce qu’il me manque ?
- Qu’est-ce que j’aimerai faire changer ?
On en revient à utiliser sa boussole intérieure pour identifier une nouvelle direction qui nous plairait davantage et voir ensuite comment s’en rapprocher.
Vivre le changement en conscience
Cet article est déjà suffisamment long et riche d’informations alors je vous propose de vous retrouver dans un prochain article où j’entrerai plus en profondeur sur la façon de s’approprier son nouvel espace. Une nouvelle étape encore révélatrice de soi. Puisqu’au final, c’est ça le véritable trésor du changement : mieux se connaître pour vivre de manière plus apaisée.
En attendant, et même si cette étape de départ du cocon familial est loin derrière vous, j’aimerais vous inviter à vous replonger dans vos souvenirs un instant : comment cela s’est-il passé ? En gardez-vous un bon souvenir ? Qu’en avez-vous retiré ?
N’hésitez pas à me partager votre expérience en commentaire, je me ferais une joie de vous lire !
Et je vous retrouve très vite pour la suite de cette exploration intérieure !