L’été au balcon
Ou oser s’exposer au monde extérieur
Aujourd’hui, je vous écris depuis mon balcon, et c’est une première. Je vis dans cet appartement depuis plus de 8 ans et c’est la première fois que j’investis cet espace qui a toujours été là.
Pourtant un balcon, en plein cœur de Paris, qui plus est donnant sur un adorable jardin caché dans une cour intérieure, c’est ce qu’on pourrait appeler un luxe certain !
Oui, mais voilà, jusqu’à très récemment, je n’arrivais pas à envisager l’idée de profiter de ce balcon. Ça ne me traversait même pas l’esprit de me dire que je pourrais y travailler ou y déjeuner…
J’avais mille bonnes raisons pour ça :
– – C’est un balcon assez étroit, pas très facile à aménager
(ok, c’est l’excuse la plus ridicule qui soit)
– – Il est exposé plein nord, donc je ne peux pas prendre de bain de soleil dessus
(ce qui n’est peut-être pas plus mal, rapport aux ravages des UV sur notre peau !)
– – Il souffre d’une certaine proximité avec les balcons de mes voisins
(J’avais l’impression d’être à moitié chez mes voisins en étant sur mon balcon, et vice versa quand eux sortaient sur le leur.)
– – Et comme je le disais, il donne sur cour, donc il y a aussi tout le vis-à-vis des appartements alentours…
Bon, tout cela ne fait que 4 bonnes raisons de ne pas en profiter mais peu importe, tous ces éléments me paraissaient insurmontables.
J’aurais eu l’impression de m’exposer de manière intolérable au regard des autres, (de mes voisins en l’occurrence), comme si le simple fait de boire un café sur mon balcon ou de lire un livre constituait une mise à nu profonde de mon être et me rendrait bien trop vulnérable.
Ridicule peut-être êtes-vous en train de vous dire, mais quoiqu’il en soit, c’était ainsi pendant 8 ans, donc je ne voyais pas ce qui aurait pu faire changer les choses.
***
Et puis, l’an dernier, j’ai eu la chance de devenir finalement propriétaire de cet appartement. Et une de mes premières pensées a été : je vais pouvoir aménager mon balcon !
Étrange quand on y pense, après lui avoir accordé si peu d’attention pendant tant d’années, et alors que même le confinement ne m’avait pas poussée à investir cet espace. Pourquoi cela me paraissait-il faire sens soudainement ?
Est-ce qu’en devenant propriétaire, je m’octroyais enfin l’autorisation d’occuper pleinement les lieux ?
Peut-être bien finalement.
Parce qu’en y réfléchissant, tout cela n’est à vrai dire qu’un écho de ce qui s’est passé à l’intérieur de moi.
Notre rapport à l’espace, notre façon de prendre ou non notre place est toujours un reflet de qui nous sommes à l’intérieur.
Pendant ces 8 années où j’étais locataire, je suis partie à la rencontre de moi-même. J’ai exploré en profondeur mon monde intérieur. J’ai emménagé dans cet appartement en sortant juste d’école d’ingénieur et il a été comme un cocon protecteur pour moi. Il a accompagné mes premiers pas dans ma vie d’adulte, comme la chrysalide qui protège la chenille pendant qu’elle se prépare à devenir papillon.
Tout au long de ces années, ce lieu m’a vu évoluer en profondeur, me reconnecter à mes rêves et me donner les moyens de les réaliser. La décoration intérieure a d’ailleurs évolué au fur et à mesure que j’ai appris à me connaître…
Et puis voilà, le moment venu, quand le processus est accompli, la chrysalide finit par s’ouvrir pour laisser le papillon prendre son envol.
C’est le moment d’oser prendre sa place dans le monde. Et c’est drôle parce que c’est exactement ce qui se passe pour moi actuellement.
Alors que je lance tout juste officiellement mon activité, alors que je commence doucement à oser communiquer sur ce que je fais, à assumer haut et fort qui je suis, et bien soudain, j’ai cette envie viscérale d’aménager mon balcon. Ce besoin de sortir de mon cocon. D’ouvrir mon espace intérieur vers l’extérieur. Ce besoin de prendre ma place.
Et le plus amusant dans tout ça, c’est que cela se fait tout naturellement. Soudain, je ne crains plus le regard de mes voisins, je ne rencontre plus aucune difficulté à projeter un aménagement pour ce balcon et j’apprécie pleinement pouvoir profiter enfin de cet espace dans lequel je me sens désormais autant en sécurité qu’à l’intérieur.
Parce que finalement, c’est pour moi le moment juste.
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Il n’y a peut-être rien d’autre à comprendre que ça : notre rapport à l’espace, notre façon d’occuper un lieu, de prendre ou non notre place est toujours un reflet de qui nous sommes à l’intérieur. Et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire, il s’agit simplement d’accepter où nous en sommes dans notre cheminement intérieur pour vivre de manière alignée. Il n’y a pas à se forcer. Peu importe que certains pensent que j’ai perdu 8 ans à ne pas profiter de mon balcon. Je n’étais pas prête à le faire avant. J’avais besoin de cette période d’introspection avant de m’exposer au monde. C’est tout. C’est ce qui était juste pour moi et le reste n’a aucune importance. L’important est de s’écouter.
Prendre du recul sur notre rapport à l’espace intérieur ou extérieur est un merveilleux moyen de savoir où nous en sommes dans notre vie. Quelle place accorde-t-on à l’introspection ? Quelle importance accorde-t-on au regard des autres ? Qu’est-ce qui nous fait nous sentir en sécurité ?
Des questions que je vous invite à vous poser si le cœur vous en dit 😊
Et pour ceux qui comme moi prennent leur temps dans leur cheminement, je vous recommande le merveilleux livre de Catherine Taret, Il n’est jamais trop tard pour éclore, Carnet d’une late bloomer. Doucement mais surement, l’important est d’être en mouvement !
Je vous souhaite de passer un merveilleux été et de profiter de vos balcons 😉