Aménager son espace ou marquer un territoire de son identité
L’importance du territoire personnel dans la maison est souvent sous-estimée. Pourtant, cet espace que vous habitez et investissez est une véritable extension de vous-même. Comment aménager votre espace pour qu’il reflète fidèlement qui vous êtes ? Loin de n’être qu’une question d’agencement ou de décoration, l’appropriation de votre territoire touche à des dimensions psychologiques et émotionnelles profondes.
Pourquoi investir son espace est essentiel à notre bien-être
Investir l’espace, c’est se l’approprier, marquer son territoire en quelque sorte. Faire en sorte que les autres comprennent que cet espace nous appartient. Que c’est « chez nous ».
Cette question de savoir comment on investit l’espace nous concerne tous, que l’on habite seul, à deux ou en famille…
L’homme est un animal et comme chaque animal, a besoin de son territoire pour s’épanouir.
L’être humain a besoin d’un espace où se créer son monde. Si pour l’animal, le territoire est souvent une question de survie lié à sa capacité à se nourrir ou s’abreuver, pour l’être humain, il revêt cette dimension d’un point de vue plus subtile mais toujours bien présent. Le territoire protège. Le territoire est garant de notre sécurité. Et plus encore, le territoire investi devient miroir de soi.
C’est l’un des drames des sans-abris. Perdre sa maison, son territoire est souvent synonyme d’une forme de perte d’identité, d’une mise au ban de la société.
Qui est-on quand on ne se définit plus par une adresse ?
Administrativement parlant, plus grand-chose. L’être humain existe dans la société par son adresse, qui d’ailleurs peut-être source de projections, de préjugés. Dès que l’on dit d’où l’on vient, où l’on habite, aussitôt on est rattaché aux caractéristiques de la ville ou du quartier, que cela soit fondé ou non. Cela nous aide à nous repérer. Comme une appartenance à un clan ou une tribu.
Même dans le cas voulu et choisi des digital nomads de plus en plus nombreux, il est bien plus facile de vagabonder d’un territoire à l’autre quand on a une base fixe à laquelle se rattacher. Pour certains le territoire prendra alors la forme d’un van ou autre véhicule itinérant. Un élément rassurant pour se créer un point d’attache même mobile. Comme les yourtes ou autres formes d’habitat transportable des peuples nomades.
Car changer en permanence de lieu de vie peut se révéler fatiguant à la longue, en amenant à vivre dans une forme d’insécurité perpétuelle. Alors même si c’est éphémère, on retrouve d’une façon ou d’une autre le besoin d’investir le lieu qui nous accueille, pour marquer notre passage, s’ancrer dans le moment présent.
Décorer : une manière de s’ancrer dans son territoire
Décorer son espace de vie est notre façon à nous de marquer notre territoire, de s’approprier le lieu. Le lieu de vie investi dit qui l’on est. Avec différents degrés de profondeurs selon les pièces, chacune étant un territoire avec ses propriétés propres.
Du territoire le plus intime de la chambre au territoire partagé du salon ou de la cuisine, chaque espace révèle une facette de nous-même, met en lumière nos différents masques ou notre nature véritable.
Dans un espace voué à recevoir des personnes extérieures à la cellule intime, on investira le lieu de notre vision de ce que l’on souhaite être du point de vue de la représentation sociale. Quand d’autres espaces seront farouchement protégés de toute intrusion extérieure car miroir de notre intimité la plus profonde.
« Je préfère des toilettes séparés car je ne veux pas que mes invités aillent dans ma salle de bain ou traversent ma chambre… » - Il est des territoires sacrés d’intimité.
D’un individu à l’autre, la différence sera plus ou moins marquée entre les espaces, selon qu’on est le même en société et dans l’intimité. Nous sommes tous amenés à porter différents masques selon les circonstances, endosser le costume de plusieurs rôles au cours de la journée, mais du simple loup de velours noir aux masques bigarrés du carnaval de Venise, il y a différentes façons de jouer avec sa véritable identité. Les écarts de décoration d’une pièce à l’autre dans un logement peuvent ainsi être révélateurs de l’alignement profond ou au contraire de l’écart qu’il existe entre nos personnalités « publique » et « privée ».
Un territoire qui pose la question de ses frontières
Pour certaines personnes, il est très inconfortable de recevoir des personnes extérieures, y compris des amis, chez elles. La notion de territoire privé englobe alors toute la maison de manière très prononcée. Une forme de pudeur, mais aussi le témoin d’une carapace, une peur d’être envahi dans son intimité ?
Dans quelle mesure aimez-vous recevoir des gens chez vous ?
C’est une question simple qui peut nous en apprendre beaucoup sur nous-même.
Car si certains refusent d’accueillir d’autres personnes chez eux, à moins d’avoir déjà un lien d’intimité profond, d’autres au contraire ont ce besoin de vivre les portes grandes ouvertes, de recevoir du monde en permanence, des amis de passage, des voisins, de la famille…
On touche ici à une des clés en lien avec cette notion de territoire qui est le sujet des portes ou des ouvertures. Est-ce qu’on est plutôt du genre « portes ouvertes », à autoriser tout un chacun à pénétrer chez soi ? Ou plutôt du style « portes closes », à préserver farouchement son espace intime.
Qui dit territoire, dit frontières et dit limites.
La façon dont on gère les frontières de son habitat, de son territoire personnel est donc très révélatrice de la façon dont on pose ses limites.
Est-on du genre à se laisser envahir par les autres ? Ou au contraire plutôt difficile d’accès ? De caractère expansif ou réservé ? Ressent-on le besoin de défendre son territoire ou plutôt l’envie de le partager ?
Observer la manière dont on investit et partage son territoire peut offrir une précieuse introspection pour repenser nos relations de manière plus globale.
Marquer son territoire, c’est prendre sa place
Parce qu’il est un point essentiel avec cette notion de territoire, que l’on partage ou non, c’est que ce territoire nous donne une place pour exister. On l’a vu, notre maison est un territoire d’expression des différentes facettes de notre personnalité, mais c’est aussi un marqueur de nos états d’âmes.
Le rapport que nous entretenons avec notre territoire personnel est le reflet de nos émotions et de notre stabilité intérieure.
Un appartement en désordre peut témoigner d’une surcharge mentale, tandis que ranger et organiser son espace devient un moyen de reprendre le contrôle sur sa vie.
Ou a contrario, le désordre peut être révélateur d’un esprit en pleine création tandis qu’un besoin excessif de rangement peut trahir une forme d’insécurité émotionnelle et de rigidité.
Ces mouvements de l’âme qui se traduisent dans notre façon d’occuper l’espace varient au fil du temps, comme les émotions que l’on ressent.
Mais ce qui reste important, c’est que d’une façon ou d’une autre, en décorant, en rangeant, ou en laissant le désordre se répandre, nous cherchons toujours à prendre notre place. A montrer que nous sommes là. Que nous existons.
Une manière de se rassurer et encore une fois de s’apporter une forme de sécurité. Et un défi parfois quand nous devons partager notre espace au quotidien, avec notre conjoint ou nos enfants.
Mais nous développerons ce point dans un prochain article dédié aux territoires partagés (vie en couple, vie de famille, colocation…).
En attendant, si vous souhaitez apprendre à observer votre territoire intérieur différemment, vous pouvez le faire en étant guidé avec le programme Miroir Intérieur.
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